Qu'est-ce que la Ligne populaire ?
La politique d’Emmanuel Macron a relégué la majorité sociale aux marges de notre pays. Les ouvriers, employés, caissières, travailleuses du lien, travailleurs de la manutention et de la logistique, « la société du back-office », n’ont plus que leur colère comme moyen d’expression, leur abstention comme moyen de révolte, le vote RN comme maigre résignation.
La gauche a renoncé depuis longtemps au peuple, depuis qu’elle a fait du désintérêt pour les gens ordinaires la matrice morale inavouée de son discours et des centres-villes métropolitains mondialisés la ressource exclusive de son imaginaire. Nous devons rompre avec ce renoncement.
L’heure est grave. L’école, l’hôpital, la justice, les transports publics, plus rien ne fonctionne correctement. On manque d’enseignants, de soignants, de conducteurs de train ou de bus. Et les services privés ne fonctionnent pas mieux. Les gens concluent qu’ils ne peuvent compter que sur eux-mêmes et qu’il n’y a rien à attendre du collectif. Une telle situation ne peut conduire qu’à une catastrophe démocratique, écologique et sociale, avec une victoire de l’extrême droite à la clef. Pour l’éviter, la gauche doit redevenir le fer de lance des classes populaires.
Le projet de la Ligne populaire est de reconnecter la gauche avec les aspirations des classes laborieuses, ce qui passera par un double effort. D’un côté, il faut que la gauche entende tout ce que le peuple a à lui dire, sans tabous ni préjugés. De l’autre, elle doit mener un combat culturel pour lui faire prendre conscience que c’est par la justice sociale et écologique que ses conditions de vie s’amélioreront, et non par le biais des projets réactionnaires et conservateurs. La conviction qui sous-tend le lancement de la Ligne populaire est claire et assumée : pour renouer avec la majorité des Français, la gauche doit tenir un discours rassembleur, qui parle à l’ensemble des citoyens, quelle que soit leur origine sociale et leur territoire.
C’est cette méthode que nous nous sommes efforcés d’appliquer pendant deux ans dans la quatrième circonscription de l’Eure. Au cours du premier mandat que m’ont accordé les Euroises et les Eurois, en seulement 721 jours, près de 1900 personnes ont été aidées à ma permanence. 52 réunions de village ont également été organisées pour rendre compte de mon action. Être sur le terrain, à l’écoute, et dévoué au service des citoyens: c’est cette méthode qui m’a permis d’être réélu, le 7 juillet 2024, en améliorant significativement mon résultat par rapport à ma première élection il y a seulement deux ans, dans une circonscription où le Rassemblement national était arrivé en tête avec 45% des voix aux élections européennes.
Ces combats partant du terrain trouvent un prolongement au niveau national. En pleine crise énergétique, alors que l’inflation des prix de l’électricité menaçait directement la survie de milliers d’entreprises, j’ai fait adopter une loi obligeant l’Etat à détenir 100% du capital d’EDF, contre la volonté de démantèlement du Gouvernement, et qui rétablit les tarifs réglementés d’électricité pour les artisans commerçants et exploitants agricoles. A la même période, j’ai également convaincu le Parlement d’adopter une aide financière pour les personnes se chauffant au bois : habitants majoritairement dans les espaces ruraux, ces Français avaient été oubliés, encore une fois, par le Gouvernement. Ces succès sont ceux d’une gauche constructive, qui sait être utile au peuple même dans l’opposition.
La ligne populaire entend reprendre et développer cette approche sur d’autres chantiers, qui ont été ouverts et qui donneront lieu à des propositions législatives dès l’automne : la hausse des salaires, la lutte contre les déserts médicaux, le soutien aux familles monoparentales, la réindustrialisation de la France et la planification écologique, le réouverture de petites lignes ferroviaires et la défense des services publics dans les campagnes, etc.
La Ligne populaire propose avant tout un changement de méthode : c’est par l’action, en répondant sur le terrain aux besoins concrets et aux préoccupations matérielles des classes populaires que la gauche pourra, pas à pas, regagner leur confiance et leur faire prendre conscience de leur force. Toutes les actions de la Ligne populaire s’inscrivent dans cette perspective :
- L’École de l’engagement, qui forme gratuitement de futurs candidats et candidates issus des classes populaires, plus représentatifs de la société française que nos élites politiques actuelles. Près de 60 militants ont déjà été formés par l’Ecole de l’engagement. Certains d’entre eux ont été candidats aux élections législatives et européennes, et d’autres préparent leur campagne pour les élections municipales.
- Justice pour nos agriculteurs, une association qui défend notre souveraineté alimentaire et les conditions de vie des agriculteurs en luttant contre la concurrence déloyale des aliments importés fabriqués en utilisant des pesticides interdits. Ce collectif d’agriculteurs et de consommateurs a engagé des poursuites contre l’État en justice pour le forcer à appliquer la loi interdisant l’importation de produits qui ne respectent pas les normes européennes.
- Le collectif Ascenseurs en colère a été structuré pour défendre les centaines de milliers de personnes assignées à résidence à cause d’un ascenseur en panne. Il y a 1,5 million de pannes d’ascenseurs chaque année en France, qui peuvent durer plusieurs mois.
- La Fête populaire, un événement politique et convivial organisé chaque année à Léry, où se côtoient manèges et conférences, saucisses-frites et tables rondes, concerts et discours.
D’autres actions et initiatives sont à venir, et nous aurons besoin de toutes les bonnes volontés pour réussir. Une initiative intitulée Service public populaire sera notamment proposée pour accompagner les habitants des déserts de services publics. Ces actions doivent contribuer à mettre un terme à la déconnexion grandissante entre la vie politique locale et la vie politique nationale, qui mine la démocratie. Elles doivent reconnecter la politique, dont se détournent de plus en plus les gens, et le secteur associatif, dont le dynamisme témoigne d’une envie d’engagement et d’un attachement à la solidarité restés intacts au sein de la population.
Cette Ligne populaire doit devenir centrale pour que la gauche parvienne un jour à gouverner. Elle doit inspirer les mouvements sociaux comme les politiques publiques. Travaillons ensemble pour que la gauche redevienne le camp du peuple.
Philippe Brun
Fondateur de la Ligne populaire
Député de l’Eure