Comprendre le message du 7 juillet – blog de Philippe Brun sur Médiapart

Comprendre le message du 7 juillet – blog de Philippe Brun sur Médiapart

Il est une réalité historique que la torpeur estivale et la joie olympique tendent à effacer de nos esprits. La France a manqué de peu l’effondrement le 7 juillet dernier. Depuis deux ans, j’ai l’honneur de représenter à l’Assemblée nationale les habitants du département de l’Eure, où j’ai grandi et j’habite. Sur le terreau des renoncements des partis de gouvernement, l’extrême droite y prospère.

Il est une réalité historique que la torpeur estivale et la joie olympique tendent à effacer de nos esprits. La France a manqué de peu l’effondrement le 7 juillet dernier. La terrible perspective de voir le pays de la grande Révolution se donner librement à l’extrême droite n’a pu être déjouée qu’à la faveur d’une mobilisation exceptionnelle des forces républicaines de notre nation.

Est-il encore possible de convoquer ici le souvenir de l’intense angoisse qui a régné sur le pays pendant trois longues semaines ? Nous nous réveillions chaque matin avec un nouveau sondage confirmant la possibilité, sinon la certitude, d’une majorité absolue pour le Rassemblement national, tandis que nous voyions partout les digues sauter, celles de la droite républicaine, dont le président vint rejoindre une coalition avec l’extrême droite, celles de dizaines d’intellectuels, artistes, influenceurs, ne cachant plus qu’à mots couverts leur satisfaction de voir le pays basculer.

Le résultat du premier tour, avec plus de 11 millions de voix pour l’extrême droite, n’a rien retiré de nos craintes. Au second tour, le peuple Français, dans une mobilisation exceptionnelle, a fait échec au programme auquel ses élites avaient bien facilement consenti. Si l’étrange défaite n’a pas eu lieu, nous avons aujourd’hui le devoir de comprendre le message que les Français sont venus massivement exprimer dans les urnes.

Un pays profond qui se décroche de ses élites

Depuis deux ans, j’ai l’honneur de représenter à l’Assemblée nationale les habitants du département de l’Eure, où j’ai grandi et j’habite. Sur le terreau des renoncements des partis de gouvernement, l’extrême droite y prospère, de manière tout à fait nouvelle depuis quelques années, dans une terre historiquement acquise au centre droit, puis gérée par les socialistes pendant quatorze ans. L’ensemble des circonscriptions, à l’exception de la mienne sauvée à 350 voix près, a basculé dans le camp du RN en 2022.

Ma circonscription était promise, plus que toute autre en France, à être facilement conquise par le RN en 2024. L’état-major du parti est venu y tenir réunion pour réaliser « le grand chelem ». Avec une nette victoire à 52,8 % des voix et 3500 voix d’écart, nous avons déjoué très nettement ce pronostic. D’autres n’ont pas eu ma chance. Dans la France périurbaine et rurale, nombreux députés sortants de gauche pourtant très ancrés, compétents, reconnus ont été emportés. Valérie Rabault, Cécile Untermaier, Bertrand Petit chez les socialistes, Fabien Roussel, Sébastien Jumel, Pierre Dharréville chez les communistes, Catherine Couturier et Sébastien Rome chez les Insoumis ont été les victimes de cette vague. Loin du cœur des métropoles, la France périphérique fait sécession après que ses élites s’en sont largement détournées.

Sur les centaines de foires et fêtes de villages auxquelles je participe, comme dans mes permanences, je constate quotidiennement le délitement du lien social, l’affaissement de nos valeurs, et aussi la colère sourde de concitoyens qui ne se sentent plus représentés par un système politique qui semble leur tourner le dos.

La politique est très largement détestée. Entendons-nous bien : les gens ne se désintéressent pas des sujets politiques, mais détestent les politiciens. Pendant le mouvement des gilets jaunes nous avions déjà pu constater cette distorsion dans la représentation. Le refus obstiné des manifestants de nommer des délégués, malgré les conséquences de ce que ce choix a eu sur la fin du mouvement, a démontré la profondeur de la défiance née de décennies à subir des représentants jugés illégitimes. Il n’a rien été fait de ce mouvement pourtant central dans notre histoire contemporaine.

Il est de notre devoir de regarder en face cette réalité : certes, le président de la République est profondément rejeté, mais c’est le cas de l’essentiel de la classe politique, à l’exception des maires et des élus de terrain. Jamais la classe politique nationale n’a été perçue comme aussi déconnectée, à la faveur de la fin du cumul des mandats, et l’arrivée de partis-entreprises parachutant des candidats qui ne connaissent rien de la réalité de la vie des gens qu’ils représentent. Dans le dernier baromètre du CEVIPOF, 81 % des Français estiment que les responsables politiques, en général, « se préoccupent peu ou pas du tout de ce que pensent les gens ». Par ailleurs, plus des deux tiers des répondants (68%) à ce sondage, perçoivent les élus comme « plutôt corrompus ».

Jamais la décision politique n’a autant été faite « en chambre ». Le parti du président de la République, en premier lieu, se confond avec l’appareil d’Etat et ne peut se prévaloir d’aucun lien sérieux avec la société civile ou les syndicats. Que dire de la gauche, dont les principaux partis sont désormais composés essentiellement d’élus professionnels et d’assistants d’élus ? Notre langage, incompréhensible, ne convainc plus que des gens très éduqués : je n’ai jamais entendu personne me dire qu’il allait au travail « en mobilité douce » ou me faire part de problèmes de « pouvoir de vivre ». Ce qui a fait la force de la gauche depuis le XIXe siècle, c’est son lien aux classes populaires et à la société civile. Ce lien étant aujourd’hui totalement distendu, nous sommes incapables de parler aux ouvriers et aux employés.

L’image que renvoie le « système », macronisme et gauche confondus, est celui d’un discours toujours plus éloigné des préoccupations des gens, attaquant directement le mode de vie périurbain et rural des classes populaires. Les zones à faible émission, invention socialiste poursuivie par les gouvernements Macron, sont autant d’outils de relégation sociale et spatiale aux portes des métropoles, alors qu’aucun système de compensation sérieux n’a été mis en place. Dans un territoire où le trajet domicile-travail moyen est de 60 km, composé de travailleurs pauvres du soin et de la logistique servant la « société du back-office » dans les métropoles, ces zones à forte exclusion sont vécues avec une profonde injustice. J’ai le souvenir encore récent d’une galette du nouvel an dans un village où, à peine mon allocution démarrée, un couple de retraités précaires m’a interrompu pour me dire sa colère de ne plus pouvoir se rendre à Rouen pour se soigner, leur vieille Twingo étant interdite de passage dans la métropole transformée en château-fort à riches.

Notre programme est lui-même en partie déconnecté des vrais sujets qui importent dans le quotidien des gens. Prenons le thème central du handicap, assez nettement absent de notre plateforme, à l’exception de la proposition de revalorisation de l’allocation adulte handicapés (AAH). Je reçois chaque semaine des parents d’enfants porteurs de handicap et des associations que j’entends me dire qu’ils attendent de nous l’ouverture de places en institut médico-éducatif (IME), en classe ULIS, en établissement et service d’accompagnement par le travail (ESAT), déplorer le manque de logements adaptés, et le retard pris par la France dans sa politique d’accompagnement du handicap. Beaucoup d’entre eux ont été étonnés de ne lire aucune ligne sur ces sujets dans le programme du NFP.

Le premier des messages de cette élection législative me semble être celui-ci : écoutez-nous, arrêtez d’être à côté de vos pompes, faites-nous participer, soyez sincères, servez-nous au lieu de vous servir.

Le vote du 7 juillet est un dernier avertissement, avant basculement définitif. Le prochain gouvernement devra prendre à bras le corps les sujets orphelins de la vie politique française : le handicap, la monoparentalité, la désertification médicale, le recul des services publics, le logement, tous ces sujets ne faisant pas la une des médias, trop concentrés sur des débats interminables sur la viande halal, le barbecue ou le dernier fait divers. Surtout, il devra s’atteler à une révision institutionnelle pour remédier à la crise de la représentation et introduire le référendum d’initiative citoyenne, inventé sur les ronds-points des gilets jaunes.

« Il faut que ça change »

Le deuxième des messages est celui d’une aspiration à un vrai changement. Combien de fois ai-je entendu pendant la campagne : « Je vous aime bien, mais je ne peux pas voter pour la gauche parce que je veux que ça change » ? Le Nouveau front populaire est irrémédiablement rangé dans la catégorie du statu quo aux côtés du camp présidentiel, et ce malgré tous les efforts de certains de nos camarades pour obtenir la médaille d’or des outrances dans l’hémicycle. L’outrance est devenue une sorte de ressort cassé, suffisant pour faire peur aux modérés, insuffisant pour convaincre les fâchés.

La vraie demande est celle de l’efficacité — qui fait défaut à tous les partis politiques, à l’exception du Rassemblement national « que l’on n’a pas essayé ». Dire ce que l’on va faire, faire vraiment ce que l’on a dit relève d’une promesse quasi chimérique. Nous aurions tort de considérer comme négligeable la profonde lassitude des Français pour les procédures interminables, les réglementations, et la paralysie de l’action publique. Ma permanence est engorgée de dossiers d’habitants n’arrivant pas à se faire payer leurs aides à la rénovation énergétique, éclatées entre quatre administrations financeuses, se battant dans des procédures kafkaïennes pour faire valoir leurs droits à la retraite et que seule une lettre menaçante du député parvient à régler. Le dénigrement de l’esprit du service public de ses agents a fini par tout mettre à terre. Il faut trois mois pour obtenir une nouvelle carte d’identité, des jours pour entrer en contact avec un humain apte à gérer une difficulté administrative.

Cette embolie administrative emporte avec elle l’ensemble du système politique, jugé incapable d’être fidèle aux engagements pris devant les électeurs. « De toutes façons, vous ne pourrez rien faire, l’Europe bloque tout », « Ca ne sert à rien, l’administration vous empêchera » sont des antiennes que j’entends chaque semaine. Du terrain remonte le sentiment d’un grand « lobby de l’impuissance publique », conjonction d’intérêts privés et de mauvaise volonté bureaucratique rendant la France ingouvernable.

Le prochain gouvernement devra s’abstenir des demi mesures, s’attaquer à la bureaucratie et aux freins des administrations, réorganiser les compétences entre les échelons administratifs et retrouver le sens de l’action.

On ne peut pas promettre l’augmentation du SMIC si ce n’est qu’un horizon, on ne peut pas s’engager sur un vaste plan de renouveau du service public sans y mettre les moyens. On ne peut pas promettre la baisse des factures d’énergie sans s’attaquer au marché européen de l’électricité, dont il faut obtenir une réforme plus ambitieuse.

La demande de République

Ouvrons les yeux : le message de ces législatives est aussi celui d’un appel à plus d’ordre et de respect. La multiplication des incivilités et l’augmentation, depuis vingt ans, des atteintes volontaires à l’intégrité physique ne doivent pas rester sans traitement.

Il est faux de dire que les gens ne votent RN que pour des raisons économiques, même si les échecs de la gauche en ce domaine ont servi de carburant à la montée de l’extrême droite. Gardons-nous de penser que nous aurions définitivement battu les fascistes en augmentant les salaires — ce qui est indispensable -, abrogé la retraite à 64 ans ou rouvert des services publics fermés.

Le sentiment réel ou supposé d’insécurité prend appui sur l’augmentation statistique de la violence, le recul de la civilité, et la dégradation des biens collectifs. Il est invivable d’habiter dans un immeuble où l’ascenseur est cassé chaque semaine et où les parties communes sont dégradées régulièrement, dans l’indifférence des pouvoirs publics.

Loin de toute surenchère ou de toute récupération des mots de l’extrême droite — mais bien au contraire pour ne lui laisser aucune prise — le prochain gouvernement doit porter un discours fort et clair d’ordre et de justice.

Les gens ont besoin d’ordre dans leur vie. Vivre dans le désordre est épuisant. Le désordre néolibéral comme le désordre dans la rue ne peut conduire qu’à la victoire des partisans de l’ordre. Le respect doit être porté en étendard par le nouveau gouvernement.

Le sentiment d’injustice prend également sa source dans ces si nombreuses plaintes classées sans suite. Je ne compte plus le nombre de gens m’abordant dans la rue pour me demander d’écrire au procureur afin d’obtenir des nouvelles de leur plainte déposée il y a deux ou trois ans. Il faut, comme le propose mon collègue Jiovanny William rendre obligatoire, la notification et la motivation des classements sans suite des plaintes.

La sécurité est un droit du peuple, c’est même la condition de son adhésion à une aventure collective. Lorsque la tranquillité publique n’est plus assurée, c’est le vivre-ensemble qui est menacé. Parce qu’ils sont les plus exposés, la sécurité est un enjeu plus vif encore pour les plus modestes. Toute politique sécuritaire doit avant tout leur être destinée. Il nous faut financer une police de proximité nombreuse, formée et réorganisée pour être plus au contact des populations et moins rivée sur ses statistiques. Cette police devra être plus transparente, exemplaire et moins susceptible d’être contestée.

Le gouvernement de salut public doit être celui des oubliés

Plus que jamais, la tâche du prochain gouvernement doit être celle de réenchanter ceux qui ne nous font plus confiance.

Nous ne savons pas de quel bois sera fait le prochain gouvernement, ni quel sera son périmètre. Je ne reviens pas ici sur le large rassemblement qui aurait dû nous mobiliser dès le 8 juillet et que nous avons été un peu seuls à espérer, avec quelques-uns. Il est vrai que l’on n’est pas empreint de la même gravité quand on est réélu au premier tour dans une circonscription de centre urbain de métropole que lorsqu’on voit l’extrême droite de face, et l’effondrement de tout ce en quoi on croit avec.

Il est certain que nous ne pouvons nous permettre la succession de gouvernements minoritaires tombant les uns après les autres tous les deux mois. C’est le plus sûr moyen de la victoire de l’extrême droite en 2027, si ce n’est à la prochaine dissolution dans un an. Mais pire encore, nous ne pouvons non plus nous résoudre à un gouvernement de l’immobilisme, qui se contenterait d’un subtil équilibre de finaud entre tous partis extrêmes. Un très grand changement politique et un grand rassemblement pour l’obtenir. C’est la difficile équation que nous avons à résoudre. Elle nécessite un immense sens des responsabilités et un immense dévouement. J’ai espoir que nous serons au rendez-vous.


Un accord de non-censure serait la seule issue pour sortir de la crise politique

Philippe Brun, député PS : « Un accord de non-censure serait la seule issue
pour sortir de la crise politique » - tribune parue dans Le Monde le 25 août 2024

Face au risque de blocage qui pèse sur la vie politique française, l’élu socialiste suggère, dans une tribune au Monde, aux divers groupes parlementaires de négocier des engagements réciproques en échange d’une renonciation à la censure du futur gouvernement.

Depuis le 7 juillet, nous nous montrons incapables de répondre à la double exigence posée par les Français lors des élections législatives, qui ont demandé à la fois un grand changement au premier tour et ont créé au second tour les conditions d’un grand rassemblement pour mener ce changement.

Aucun bloc politique de l’Assemblée ne peut prétendre avoir la majorité à lui seul, et le plus important d’entre eux, celui de la gauche, doit trouver cent voix supplémentaires pour faire adopter un budget. La sinistre perspective de la succession de gouvernements minoritaires tombant les uns après les autres tous les deux mois est le plus sûr moyen de la victoire de l’extrême droite en 2027, si ce n’est à la prochaine dissolution, dans un an.

La sagesse aurait commandé au bloc en tête, celui de la gauche, qu’il engage des discussions pour former un gouvernement de coalition, comme cela est le cas dans l’ensemble des grandes démocraties parlementaires, afin de nous donner les coudées franches pour doter le pays d’un gouvernement stable qui appliquerait l’essentiel de notre programme. Le poison de la présidentielle invite chacun à l’attentisme, tandis que les accusations de « compromission » ou de « trahison » ont suffi à refroidir les plus téméraires.

L’irresponsabilité ne s’est pas limitée à notre camp. Le bloc central refuse de constater sa défaite, et ne laisse d’imaginer pouvoir conserver l’intégralité du pouvoir après avoir été très sévèrement désavoué dans les urnes. Pire, ses principaux responsables se permettent de poser des conditions inacceptables comme le refus de tout gouvernement comprenant des ministres écologistes ou insoumis.

D’autres ont réclamé des « lignes rouges » impossibles à ne pas franchir pour un gouvernement de salut public tel que nous l’imaginons, à l’image des députés de la droite républicaine, qui exigent « aucune augmentation d’impôts », alors même que ces derniers avaient voté en faveur d’une hausse de la taxe sur la rente inframarginale des énergéticiens.

Liberté de critique

En l’absence de tout accord, la tâche du futur chef de gouvernement semble impossible. Si des discussions peuvent amener à des compromis sur des textes peu clivants, comme la fin de vie, personne ne peut affirmer être capable de faire passer un budget en comptant sur l’abstention miraculeuse des autres groupes, ou l’absence de censure par bonté d’âme.

Mettons-nous nous-mêmes à la place de nos opposants : imaginons-nous, dans une situation inversée, renoncer à censurer un budget d’austérité qui serait présenté par un premier ministre de droite libérale au seul motif de vouloir éviter l’instabilité politique ? Cela n’existe pas.

La mise en œuvre de notre programme rend obligatoire l’adoption d’un budget. Personne ne pourrait se satisfaire d’une situation de blocage qui verrait la France être le seul pays démocratique du monde à ne pouvoir se doter d’un budget.

On ne fait de la politique qu’avec des réalités. Une coalition de gouvernement majoritaire étant impossible tant que l’élection présidentielle concentrera l’essentiel des stratégies personnelles des dirigeants politiques de ce pays, il reviendra donc au chef de gouvernement de négocier un accord de non-censure avec un nombre suffisant de groupes politiques pour atteindre la barre de la majorité des 289 députés à l’Assemblée nationale.

Cet accord de non-censure devra comprendre des engagements réciproques et non de simples « lignes rouges », qui tomberaient comme des ultimatums changeant au gré de l’actualité. La majorité gouvernementale relative devra, et c’est bien normal, consentir à des compromis pour appliquer son programme et évacuer le risque de censure. Les groupes d’opposition ayant pris part à l’accord de non-censure pourront se faire fort, en échange de leur renoncement à la censure, d’avoir obtenu l’application de certaines de leurs propositions.

L’accord aura de quoi satisfaire ceux que la perspective présidentielle rend rétifs à l’idée d’une coalition : ils pourront ainsi préparer la prochaine échéance en laissant le gouvernement travailler, sans être associés directement à son action, et en gardant leur liberté de critique, voire d’opposition franche.

Cette solution s’impose comme la seule issue pour sortir de la crise politique dans laquelle la France est plongée. Bien sûr, le gouvernement aura, dans les mois qui le séparent de la prochaine élection présidentielle de 2027, d’immenses défis à relever : relancer notre économie, augmenter la rémunération du travail, faire la planification écologique, doter le pays d’institutions plus démocratiques.

Philippe Brun est député (Parti socialiste) de l’Eure.


Niche parlementaire 2024 : agir contre les pannes d'ascenseurs

Niche parlementaire 2024 : agir contre les pannes d'ascenseurs

Rapporteur : Philippe Brun, député de l’Eure.

L’atteinte à ces droits fondamentaux pour des milliers de personnes chaque jour sur notre territoire ne peut rester dans une indifférence totale des pouvoirs publics.

L’ascenseur est le premier moyen de transport de nos concitoyens. Il assure 100 millions de trajets par jour pour une distance d’un million de kilomètres.

Ces pannes, qui se répètent ou durent parfois jusqu’à 10 mois, affectent particulièrement les personnes à mobilité réduite, les parents et les seniors.

Elles sont vécues comme une injustice par des centaines de milliers de copropriétaires et de locataires qui continuent de payer des charges pour des ascenseurs qui ne fonctionnent pas.

La principale cause des pannes, dans plus de 40 % des cas, est la vétusté des équipements. Les ascenseurs, avec une durée de vie moyenne de 20 ans, voient leurs pièces s’user au fil du temps, rendant les systèmes de plus en plus défaillants.

Néanmoins, à cela, s’ajoutent des problématiques liées aux pratiques des ascensoristes : des stratégies de stock zéro et une faible production nationale de pièces de rechange, souvent fabriquées à l’étranger, allongent considérablement les délais de réparation.

Pour sortir nos concitoyens de cet isolement et leur redonner de la dignité, les député·es socialistes et apparentés ont déposé une proposition de loi qui fixe aux ascensoristes trois nouvelles obligations pour lutter contre les pannes d’ascenseurs.

  1. Nous proposons une obligation d’information des ascensoristes fixée à deux jours ouvrés pour les propriétaires d’immeubles en cas de sinistre.
  2. À compter de cette notification, nous proposons que les ascensoristes soient astreints à une obligation de réactivité, tant sur la durée d’intervention que sur le délai de règlement du sinistre. Elle sera de deux jours ouvrés pour l’intervention et de huit jours ouvrés pour le règlement du sinistre. À défaut de résolution dans le délai imparti, la société devra mettre en œuvre des mesures d’accompagnement des occupants à mobilité réduite afin d’assurer leur ravitaillement alimentaire ou l’accès aux soins dont ils auraient besoin.
  3. Enfin, pour rendre opérantes ces obligations, les sociétés d’ascenseurs seront astreintes à l’obligation de constituer et de maintenir des stocks de pièces permettant de répondre concrètement à ces nouvelles obligations.


La Lettre Pop du 11 décembre 2024 : J-7 avant le meeting | Accord de non-censure | Crise de la fonction publique

J-7 avant le meeting de la Ligne Populaire, accord de non censure et crise de la fonction publique sont à l’actu de la Lettre Pop de cette semaine.

Niche socialiste du 12 décembre 2024 : agir contre les pannes d’ascenseurs

Notre proposition de loi devrait être examinée pendant la journée du débat parlementaire consacrée aux propositions du Parti socialiste le 12 décembre 2024 !

Les pannes d’ascenseurs transforment le quotidien des habitants des immeubles en un calvaire, entravant gravement leur liberté de se déplacer, de travailler et de subvenir à leurs besoins essentiels.

L’atteinte à ces droits fondamentaux pour des milliers de personnes chaque jour sur notre territoire ne peut rester dans une indifférence totale des pouvoirs publics.

L’ascenseur est le premier moyen de transport de nos concitoyens. Il assure 100 millions de trajets par jour pour une distance d’un million de kilomètres.

Ces pannes, qui se répètent ou durent parfois jusqu’à 10 mois, affectent particulièrement les personnes à mobilité réduite, les parents et les seniors.

Elles sont vécues comme une injustice par des centaines de milliers de copropriétaires et de locataires qui continuent de payer des charges pour des ascenseurs qui ne fonctionnent pas.

La principale cause des pannes, dans plus de 40 % des cas, est la vétusté des équipements. Les ascenseurs, avec une durée de vie moyenne de 20 ans, voient leurs pièces s’user au fil du temps, rendant les systèmes de plus en plus défaillants.

Néanmoins, à cela, s’ajoutent des problématiques liées aux pratiques des ascensoristes : des stratégies de stock zéro et une faible production nationale de pièces de rechange, souvent fabriquées à l’étranger, allongent considérablement les délais de réparation.

Pour sortir nos concitoyens de cet isolement et leur redonner de la dignité, les député·es socialistes et apparentés ont déposé une proposition de loi qui fixe aux ascensoristes trois nouvelles obligations pour lutter contre les pannes d’ascenseurs.

Nous proposons une obligation d’information des ascensoristes fixée à deux jours ouvrés pour les propriétaires d’immeubles en cas de sinistre.

À compter de cette notification, nous proposons que les ascensoristes soient astreints à une obligation de réactivité, tant sur la durée d’intervention que sur le délai de règlement du sinistre. Elle sera de deux jours ouvrés pour l’intervention et de huit jours ouvrés pour le règlement du sinistre. À défaut de résolution dans le délai imparti, la société devra mettre en œuvre des mesures d’accompagnement des occupants à mobilité réduite afin d’assurer leur ravitaillement alimentaire ou l’accès aux soins dont ils auraient besoin.

Enfin, pour rendre opérantes ces obligations, les sociétés d’ascenseurs seront astreintes à l’obligation de constituer et de maintenir des stocks de pièces permettant de répondre concrètement à ces nouvelles obligations.

Service Public Populaire arrive en terres bourguignonnes

Comment bénéficier de Ma Prime Renov ou du chèque énergie ?

Est-il possible de changer de mutuelle ?

Quelle est le partage de responsabilité au sein de ma copropriété ?

Autant de questions auxquelles nous avons répondu samedi dernier pour la première du Service Public Populaire en Saône-et-Loire.

L’actu vue par Philippe Brun

POUR UN GOUVERNEMENT D’URGENCE RÉPUBLICAINE. 90 jours après la nomination de Michel Barnier comme Premier ministre, le vote d’une motion de censure confirme l’impossibilité d’offrir à la France un gouvernement stable sans construire au préalable un accord de non-censure entre des forces politiques majoritaires à l’Assemblée nationale. Cette approche, que j’ai proposée cet été et qui est aujourd’hui reprise par de nombreux responsables politiques de gauche et de droite, est la seule susceptible de sortir notre pays de l’impasse. La constitution d’un gouvernement d’urgence républicaine autour d’un Premier ministre de gauche, chargé de négocier un accord de non-censure avec le bloc central et la droite républicaine, est indispensable pour offrir à la France un budget.

La censure du gouvernement Barnier était inévitable. Alors que le 7 juillet dernier, les Français nous ont clairement appelés à nous unir pour éviter une prise du pouvoir par l’extrême droite, le choix de nommer un Premier ministre ne pouvant gouverner qu’avec l’accord tacite de Marine Le Pen a constitué une trahison du front républicain et s’est avéré sans issue.

La situation est grave : notre pays doit disposer d’un budget d’ici la fin de l’année. Dans un contexte géopolitique de plus en plus hostile, la France ne peut pas se payer le luxe d’une crise de régime doublée d’une crise budgétaire. Les effets d’une telle irresponsabilité seraient désastreux pour notre économie et la confiance que nos concitoyens placent dans les institutions, tout en ruinant notre crédibilité au sein de l’Union européenne et à l’international. Et ne l’oublions pas : un Michel Barnier qui tombe tous les trois mois serait le plus sûr moyen de la victoire de l’extrême-droite.

Ce Premier ministre ne peut être issu que des forces de gauche, après l’échec de l’expérience Barnier qui défendait un budget faisant porter l’essentiel des efforts sur les plus faibles. Les débats parlementaires ont toutefois montré que les convergences entre les forces politiques républicaines rendent possible un accord de non-censure, si le bloc central accepte quelques concessions. Je crois donc qu’un consensus autour d’un budget d’urgence, porté par une équipe cohérente et resserrée, peut émerger autour de quelques priorités claires.

Un accord de non-censure, ce serait le compromis sans la compromission. L’accord de non-censure, c’est l’invention d’un gouvernement de coalition à la française selon un principe simple : les groupes d’opposition consentent à ne pas renverser un gouvernement minoritaire en échange de l’adoption d’un certain nombre de mesures de leur programme et du respect de leurs lignes rouges budgétaires. Ce serait le déblocage de la crise politique sans le grand mélange des genres. Il est clair qu’on ne trouvera pas d’accord avec les macronistes sur un certain nombre de sujets. On aura du mal à s’entendre sur une abrogation pure et simple de la réforme des retraites. A nous de sortir du dogmatisme. Peut-on discuter d’une abrogation de la mesure d’âge à 64 ans qui couterait 5 milliards d’euros par an ? A défaut, on peut envisager un gel de l’application de la réforme des retraites et ensuite, ce serait aux Français de trancher lors de la prochaine élection présidentielle.

L’adoption d’un budget avant le 31 décembre 2024 doit être la priorité. Il y a des points de passage avec les composantes de l’ancien socle commun. J’en tiens pour preuve que des majorités de circonstances se sont formées au cours de discussions budgétaires. Il s’est trouvé des voix, notamment au Modem, pour voter des amendements visant à mieux répartir l’effort fiscal entre les classes populaires et les grandes fortunes. L’accord de non-censure ne sera pas l’immobilisme ou la seule gestion des affaires courantes. Il devra permettre de préserver les services publics essentiels, à commencer par l’école et l’hôpital, et de soutenir mieux les plus fragiles, notamment les familles monoparentales et les personnes en situation de handicap. Des coalitions d’idées permettront également d’avancer sur des chantiers prioritaires pour le pays, ne serait-ce que pour enrayer le ralentissement de l’activité économique. Sur le logement, sur la crise industrielle, sur les difficultés de la filière automobile et celles de l’hôpital public, ce gouvernement de défense républicaine devra agir. 

Un pas de côté

Le chiffre de la semaine : 15% des postes ouverts aux concours de la fonction publique non pourvus

Un rapport de France Stratégie intitulé « Travailler dans la fonction publique : le défi de l’attractivité » publié lundi 9 décembre confirme que la crise d’attractivité que traverse la fonction publique a atteint un niveau très préoccupant aux multiples facteurs : manque de reconnaissance, conditions de travail dégradées, perte de sens, rémunérations insuffisantes… Les signaux d’alerte sont nombreux : 

  • 15 % des postes ouverts aux concours de la fonction publique d’Etat n’ont pas été pourvus en 2022 (notamment aux concours enseignants);
  • depuis dix ans les effectifs de fonctionnaires sortant de la fonction publique pour un autre motif qu’un départ en retraite ont augmenté de 47 %.

Les organisations syndicales ont beau alerter sur cette situation, mais personne ne les écoute. A rebours de la volonté des précédents ministres macronistes de faciliter les licenciements de fonctionnaires, le rapport rappelle que la rémunération est un levier essentiel, et appelle à combiner la garantie de l’emploi avec des perspectives d’évolution et de progression.

Alors que la nomination de Guillaume Kasbarian a été une nouvelle insulte aux 5,6 millions de fonctionnaires de ce pays, espérons que le futur ministre de la fonction publique soit à la hauteur des besoins d’une fonction publique malade des reniements et du mépris des derniers gouvernements.


Le JSL - Service Public Populaire s'implante dans le département

Le Journal de Saône-et-Loire Partant du constat que l’accès aux services publics est de plus en plus compliqué, l’association Service Public Populaire s’implante en Saône-et-Loire. Une première permanence est organisée, ce samedi, à Mâcon. Une équipe d’experts propose bénévolement son aide, gratuitement, à tous ceux qui peuvent avoir des difficultés pour réaliser leurs démarches.


La Lettre Pop du 4 décembre 2024 : Service Public Populaire poursuit son développement | Déroute de la gauche dans les Ardennes | A Lviv la guerre est partout

L’arrivée de la Ligne Populaire sur Facebook, une nouvelle permanence à Villeneuve-Saint-Georges, la censure du gouvernement Barnier, 1er tour des élections législatives partielles dans les Ardennes, et le billet d’un adhérent de la Ligne Populaire dans la Lettre Pop de cette semaine.

Service Public Populaire poursuit son déploiement

Après avoir posé ses valises dans le Val-de-Marne le 26 novembre dernier, le Service public populaire s’installe cette semaine sur les bords de Saône.

Nous serons présents à Mâcon de 10h à 13h au café Papy Armand sur la place Saint-Pierre. Notre équipe proposera une nouvelle fois un accompagnement dans le maquis des démarches administratives et des bilans de non-recours pour que l’accès aux droits soit une réalité pour tous. Cette première permanence sera également pérennisée !

Si vous souhaitez nous prêter main forte ou si vous disposez d’un domaine d’expertise n’hésitez pas à nous écrire à contact@service-public-populaire.fr.

L’actu vue par Philippe Brun

LA CHUTE QUASI INÉLUCTABLE DU GOUVERNEMENT BARNIER. Au terme de deux mois de procédure budgétaire au Parlement, je ne peux que constater l’échec de la méthode Barnier, qui n’a jamais cherché à dialoguer avec la gauche. Le Premier ministre a préféré trahir le front républicain et négocier son budget avec le RN qu’avec la gauche. Résultat, le budget de la Sécurité sociale qui est présenté est injuste et fait porter l’essentiel des efforts sur les plus précaires. C’est pourquoi je voterai avec mes camarades socialistes la motion de censure présentée par la gauche à l’Assemblée nationale.

COMMENT SORTIR DU CHAOS POLITIQUE ENGENDRÉ PAR LA DISSOLUTION D’EMMANUEL MACRON ? Je suis personnellement convaincu que la stabilité et le changement ne pourront venir que par la désignation d’un Premier ministre de gauche, s’engageant sur les chantiers prioritaires du Nouveau Front populaire. A cet égard, la balle est dans le camp du Président Macron. Va-t-il s’obstiner dans son aveuglement ou enfin ouvrir les yeux sur la réalité du pays, qui appelle à un changement de ligne économique et à une reprise en main des finances publiques ? Pour gouverner, ce Premier ministre de gauche doit avoir la garantie qu’il ne sera pas censuré. La censure immédiate d’un Premier ministre de gauche ne pourrait – hélas ! – qu’aggraver l’instabilité parlementaire et achèverait de plonger le pays dans une crise de régime. Or, nous le savons, de telles crises favorisent toujours l’accession au pouvoir de l’extrême-droite. Il faut donc trouver un Premier ministre de gauche qui saura parvenir à un accord de non-censure avec le centre. Comme je l’expliquais déjà en août 2024 dans cette tribune, il reviendrait alors aux divers groupes parlementaires de négocier des engagements réciproques en échange d’une renonciation à la censure du futur gouvernement.

RECUL INQUIÉTANT DE LA GAUCHE DANS LES ARDENNES. A l’issue du premier tour, le candidat RN arrive largement en tête au 1er tour des élections législatives anticipées de la 1ère circonscription des Ardennes. Le candidat NFP (socialiste) ne récolte pour sa part que 9% des suffrages. Beaucoup moins bien qu’en juin 2024: la gauche a divisé son score par deux en quelques mois. Comment expliquer une telle déroute dans cette circonscription qui fut de gauche de 1981 à 2002 (sauf de 1993 à 1997) ? Il serait bien trop facile de rejeter la faute sur le candidat local qui n’a pas démérité : ce résultat c’est bien le résultat d’un errement collectif à gauche. Cette circonscription, qui intègre notamment le sud-ouest rural des Ardennes et les quartiers sud de la préfecture, Charleville-Mézières, est confrontée à des problématiques de pauvreté et d’accès aux services publics. Il n’est pas normal que la gauche réunie n’y fasse même pas 10%. Ce nouvel échec, aussi inquiétant soit-il pour l’avenir du pays, souligne la justesse de l’analyse partagée au sein de la Ligne Populaire. Il est temps de se retrousser les manches à gauche et d’adopter une ligne qui parle à tous.

Un pas de côté

Lettre d’un adhérent: A Lviv, la guerre est partout

Un militant de la Ligne Populaire a passé plusieurs jours à Lviv (Ukraine), il nous partage ses impressions. 

Lviv (700 000 habitants) est l’une des plus dix plus grandes villes d’Ukraine, réputée notamment pour son architecture (mélange des influences polonaises, autrichiennes et ukrainiennes) et son importante vie culturelle. Située à 1000 kilomètres du front, la ville est moins touchée par les bombardements russes que Kiev et les villes de l’Est du pays. Pour autant, les alertes aériennes signalées par une application dédiée, sont quasi quotidiennes, tout comme les coupures de courant.

En apparence, peu d’éléments suggèrent l’état de guerre : les habitants vont et viennent librement (sauf entre minuit et 5 heures, horaires du couvre-feu), les promotions pour le « black Friday » sont nombreuses, les salles de concerts sont pleines, aucun bâtiment du centre-ville n’a été détruit, etc. Pour autant, la guerre est partout dans cette apparente « normalité » : dans l’absence d’hommes entre 30 et 50 ans, dans les protections devant les vitraux des églises, dans l’absence d’étrangers, dans les uniformes des permissionnaires, dans les prothèses des amputés, les monuments aux morts, la ferveur dans les églises, etc. Les programmes de télévision enchainent dessins animés pour enfants et émissions d’hommages aux combattants tués. Chaque matin, à neuf heures, la ville s’arrête pour une minute de silence, puis reprend son cours.

Dans les conversations aussi, la guerre est partout, jusque dans les manières de parler. Les Ukrainiens russophones se reprennent pour utiliser les termes ukrainiens, la vodka est devenue « orielka », la culture russe est dénigrée, les artistes Ukrainiens réhabilités. Personne ne me parle des dernières propositions de règlement du conflit par Volodymyr Zelensky, le Russe est l’ennemi, il faut vaincre. Plus que d’évoquer les proches au combat, on insiste sur la difficulté pour sortir du pays, et sur la nouvelle « normalité » (pour les femmes et les enfants) des aller-retours avec la Pologne, pour voir des proches, pour faire du shopping, pour souffler quelques jours. Les visages sont marqués, tout à la fois de fatigue, de fatalisme et de détermination. La vie continue, la guerre aussi. Elle en est à son 1013e jours.